Conçue dans le cadre d’une carte blanche pour l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue, la sculpture monumentale en graminées intitulée L’Adieu (The Farewell) est érigée dans le choeur de l’abbatiale, étroit parallélépidède d’un champ de blé vertical, tourné vers la nef.

Dans le cadre du programme « Un artiste, un monument » et de la Saison de la Lituanie en France, le Centre des monuments nationaux, l’Institut culturel lituanien et l’Institut français invitent l’artiste lituanien Tadao Cern pour une création in situ à l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue. Construite au XIIe siècle, l’abbaye cistercienne de Beaulieu-en-Rouergue a été restaurée une première fois par les collectionneurs Geneviève Bonnefoi et Pierre Brache qui en firent un centre d’art contemporain dans les années 1960. En 2022, le CMN a engagé un vaste programme de restauration des bâtiments et aménagé un parcours muséal présentant au public la collection d’art moderne reçue en legs (œuvres de Michaux, Dubuffet, Vasarely, Hantaï…). La vaste nef de l’église abbatiale est appelée à recevoir des installations contemporaines créées in situ. Alors qu’à l’instar des abbayes médiévales, l’abbaye de Beaulieu était environnée de terres à céréales et de granges recevant les récoltes, la nouvelle création de l’artiste s’inscrira dans sa série dédiée aux parallélépipèdes monumentaux de graminées. Installée dans le choeur de l’abbatiale, cette oeuvre intitulée L’Adieu (The Farewell) élève un rectangle semé de blé vers la cime de l’église. L’artiste convie ainsi les visiteurs dans un espace introspectif, les invitant à considérer la notion d’adieu, faisant écho à la vocation religieuse de l’édifice.

Jūra, la mer aux couleurs scintillantes propose un dialogue entre la France et la Lituanie, entre Claude Debussy et Mikalojus Konstantinas Čiurlionis, entre piano et chant, entre son et couleurs. Ce dialogue s’initie en 1903, autour de la force créative de la Nature, alors que le compositeur français Claude Debussy et le compositeur lituanien Čiurlionis s’attèlent concomitamment à la création d’une oeuvre au sujet similaire : la mer, ou jūra en lituanien.

Ils y évoquent le rapport du soleil et de la mer, l’ondulation de la houle ou encore la force du vent et sa confrontation avec l’eau. Si la mer s’invite dans sa musique, Čiurlionis lui réserve également une place de choix dans sa pratique picturale. En proposant de rejouer aujourd’hui ces deux oeuvres sur une même scène, entourées des peintures de Čiurlionis, Jūra, la mer aux couleurs scintillantes interroge la notion d’identités culturelles, le lien entre les pratiques et mouvements artistiques, tout en soulignant la force de l’imaginaire.

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