Le sport est physique, mais il n’en est pas moins symbolique. Il est aussi prétendument apolitique et fondé sur des idéaux humanistes éternels, mais il est en fait profondément imprégné d’inégalités, de préjugés, de domination et de compétition prédatrice. Le sport est censé unir les nations, mais il est impossible de savoir avec certitude ce que chaque athlète croit, quels agendas idéologiques il suit et ce qu’il ressent à l’égard de leurs camarades d’autres origines ethniques, nationales et sociales. Cette situation n’est nulle part aussi évidente et urgente que dans les zones de rupture géopolitique telles que l’Europe centrale et orientale et la Lituanie en particulier. Malgré la persistance d’un ethos héroïque et d’un public nombreux, les jeux de compétition ont irrémédiablement perdu leur innocence et sont descendus du mont Olympe à la réalité terrestre troublée. Subtilement, mais avec acuité, les paradoxes et les aspects les plus sombres derrière la glorieuse mythologie de l’esprit sportif sont interrogés par les artistes lituaniens Rūta Šipalytė, Severija Inčirauskaitė-Kriaunevičienė et Martynas Gailiušas. En effet, quel est le type de jeux auxquels nous jouons et qui en fixe les règles ? (Jurij Dobriakov)

Crédits photos : ©Ineta Armanavičiūtė ©Austėja Liupševičiūtė ©Daiva Grigonienė ©Tomas Petreikis ©Rūta Šipalytė ©Martynas Gailiušas